Édito n°15
L’Homme machine
Se pourrait-il, qu’un jour, cet édito soit rédigé en parfaite autonomie par une machine ? Fantasme de journaliste à double tranchant qui entre, malgré tout, dans le champ des possibles. La relation entre les Hommes et les robots nourrit depuis toujours l’imagination fertile des auteurs d’anticipation. Et, dans ce domaine comme dans bien d’autres, la réalité dépasse bien des fictions… Si depuis la révolution industrielle, les machines sont au cœur de l’outil de production, il semblerait que nous entrions dans une nouvelle ère : celle de l’Homme-robot et des cobots – les robots collaboratifs. Certaines machines, parmi les plus perfectionnées, seraient même douées d’une certaine forme d’intelligence, capables d’apprendre et de réemployer un savoir dans une interaction avec les Hommes !
Loin de l’idée qui voudrait que les machines finissent par prendre le travail des êtres humains, ne faut-il pas considérer cette évolution comme une perspective réjouissante ? Pourquoi s’opposer à ce que des robots puissent, un jour, accomplir la plupart de nos tâches ingrates ? Bien sûr, demeure la question de l’organisation sociale et du partage du travail entre tous dans une société qui aurait plutôt tendance à surmener les uns et à condamner à l’exclusion les autres…
Mais revenons à des considérations plus pratiques. Conçus pour réduire l’effort lors de manutentions, les exosquelettes suscitent beaucoup d’espoirs pour la Santé sécurité au travail. Ils représentent un progrès indéniable, mais ne sont pas non plus la panacée. Ils ne résolvent pas, notamment, la problématique de la répétition des tâches et leur effet sur les articulations.
Ce numéro consacré à l’ergonomie démontre combien cette discipline dépasse le simple, mais nécessaire, aménagement du poste de travail. C’est bien l’organisation de l’activité dans son ensemble qui est à considérer en Santé sécurité au travail. Gare aux gadgets. Il convient d’inclure la robotique comme un outil au service d’une politique globale.
Nicolas Lefebvre