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Édito n°2

Les CHSCT en question

Au  menu  de  la  réforme  du  travail  engagée  par  le nouveau gouvernement, les accords d’entreprise ou le plafonnement des indemnités de licenciement font office de plat de résistance. Mais il est un entremet dont on parle moins et qui pourrait laisser un goût amer au monde de la santé au travail, celui des IRP… Dans notre univers truffé de sigles les esprits les plus imaginatifs  pourraient  penser  à  des  «  immeubles recevant du public », mais sa définition est tout autre : IRP signifie instances représentatives du personnel. Au nombre de quatre,  chacune  de  ces  institutions  –  délégué  du  personnel  (DP), délégué syndical (DS), comité d’entreprise (CE) et comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) – dispose de fonctions bien particulières qui, selon les situations, se recoupent plus ou moins. D’où l’idée avancée par les auteurs de cette réforme de « simplifier » et de rendre plus « efficient » un dispositif de représentation jugé « chronophage » et « poussiéreux ». Une nouvelle instance unique pourrait même donner plus de poids aux représentants du personnel qui disposeraient ainsi d’une vision plus globale. Une organisation qui ne permettrait plus aux employeurs de renvoyer certaines questions embarrassantes d’instance en instance…

Sauf que l’éventail des préoccupations à entretenir et des notions à maîtriser pour ces super-représentants du personnel sera bien plus large. N’y a-t-il donc pas un risque de perte de compétence et d’intérêt pour certains domaines ? En outre, les considérations économiques – traditionnellement l’apanage des CE – côtoieront les questions de sécurité et de bien-être des personnels. Les sujets particulièrement techniques  de  l’hygiène  et  de  la  sécurité  ne  risquent-ils  pas  d’être relégués aux questions annexes ? Le CHSCT a le mérite – son nom en atteste – d’être concerné au premier chef par les questions de santé au  travail.  Plus  globalement,  ne  vaut-il  pas  mieux  plusieurs  vigies spécialisées et positionnées à plusieurs niveaux qu’une seule généraliste, fut-elle capable, dans certains cas, de mieux fonctionner ?

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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