Édito n°21
Handicap : pour une société plus inclusive
Dès 2017, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron faisait de la lutte contre les inégalités subies par les personnes en situation de handicap, une priorité absolue. Les derniers chiffres publiés en 2021 par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (A gefiph) demeurent en effet sans appel. Les personnes en situation de handicap subissent un taux de chômage nettement plus élevé (14 %, il était de 18 % en 2018…) que l’ensemble de la population active (8 %). De même, l’ancienneté au chômage des personnes handicapées s’aggrave. Elle est ainsi passée de 804 jours en 2017 à 919 jours en 2021. Une tendance qui suit cependant la même courbe que tous les demandeurs d’emploi. Rappelons que 12 millions de personnes sont, en France, en situation de handicap. Et seuls 2,7 millions disposent d’une reconnaissance administrative.
Une situation ubuesque dans une société qui se veut toujours plus inclusive. 1,8 milliard d’euros par an sont ainsi injectés pour inciter les employeurs à embaucher des personnes en situation de handicap (les entreprises recevant 4 000 euros pour chaque personne employée). Pourtant, toutes les sociétés de plus de 20 salariés doivent légalement justifier d’un taux de 6 % dans leurs effectifs ! A croire que l’obligation ne suffit pas, encore faut-il mettre la main au portefeuille…
Pourtant , toutes les expériences et les études le démontrent : accueillir une personne en situation de handicap tire vers le haut l’ensemble du collectif. C’est en effet une occasion unique pour se pencher sur l’adaptation du poste de travail aux besoins des salariés, et des salariés quels qu’ils soient, handicapés ou non !
A ce titre, le développement du télétravail, porté par la crise sanitaire, constitue un outil complémentaire à disposition des employeurs. Attention toutefois à éviter l’effet boomerang. Cet outil pourrait en effet se retourner contre l’inclusion souhaitée en freinant les adaptations nécessaires au sein même de l’entreprise… Un effet néfaste qui aurait pour effet d’isoler encore un peu plus des personnes déjà victimes d’exclusion.
Nicolas Lefebvre