Édito n°22
Chutes : la prévention sur la bonne pente
« Il nous est arrivé de remettre un bodart sur le cadavre d’un collègue tout juste après l’accident pour permettre à sa famille de toucher la police d’assurance », nous confient des intermittents spécialisés dans l’élingage des plus grandes salles de spectacle. Trop sûrs d’eux à tel point d’en oublier la plus élémentaire protection que confère le baudrier ou dépourvus de matériel de protection adéquat ? Quelle qu’en soit la raison, ces situations ne sont malheureusement pas le fruit d’une imagination boostée par un été ensoleillé, mais correspondent bien à la réalité.
Les chutes de hauteur représentent en France la seconde cause des accidents mortels après les accidents de la route. La prise de conscience de ce risque semble pourtant partagée, mais demeure insuffisante. Ne manquez pas notre reportage au plus près d’une équipe de cordistes expérimentés, pages 34 à 41. Certains secteurs comme le bâtiment sont naturellement plus exposés. Dans le cahier des experts, vous retrouverez les bonnes pratiques mises en place dans ce secteur, à adapter dans vos structures respectives.
Mais il est un autre risque qui mérite d’être mis en lumière : les chutes de plain-pied. Elles représentent, à elles seules, 539 833 accidents par an, soit 17 % de l’ensemble des accidents du travail ! Souvent perçues comme inévitables et bénignes, ces chutes demeurent sous-estimées. D’autant qu’elles touchent en majorité les jeunes, les salariés inexpérimentés et a fortiori les intérimaires. Une population également plus propice à la non déclaration systématique des accidents.
Le télétravail pose aussi question. Il convient en effet de se pencher sur l’adaptation du poste de travail à domicile. Lequel par définition n’a pas été aménagé à cette fin à l’origine et peut donc conduire à des chutes de plain-pied.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il est urgent de transformer nos représentations. Vous trouverez dans ce numéro de nombreux outils pour continuer à lutter contre les préjugés et améliorer encore et toujours la prévention dans votre entreprise.
Nicolas Lefebvre