Édito n°23
Ils en ont plein le dos
« Tenez-vous bien ! Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent, à eux seuls, 87 % des maladies professionnelles reconnues. Une écrasante majorité qui s’impose comme une priorité absolue pour tous les professionnels de la santé sécurité au travail. Selon l’Assurance maladie, les TMS ont augmenté de 60 % depuis 2003 ! On observe une tendance similaire dans les autres pays de l’Union européenne… En décembre 2017, nous y consacrions déjà notre troisième numéro. Nous nous devions d’y revenir.
Ces TMS touchent majoritairement les articulations des membres supérieurs : épaule (30 %), coude (22 %), main poignet et doigts (38 %)… Parmi les secteurs les plus touchés, citons les transports et la logistique, le commerce, l’agroalimentaire, le BTP, la propreté, l’industrie métallurgique, mais aussi l’aide et les soins à la personne. Sans surprise, il s’agit des domaines où la manipulation de « charges» lourdes est importante. La technologie apporte pourtant une aide précieuse et nous permet d’économiser une partie des efforts autrefois entièrement supportés par l’être humain.
Mais, ne nous y trompons pas, les TMS sont loin de se résumer à une atteinte mécanique. Les recherches démontrent très clairement l’impact de l’environnement du travail sur l’avènement de ce fléau. Certains facteurs comme le froid, le bruit ou un mauvais éclairage favori sent son apparition. Il convient aussi de mettre en avant les risques psychosociaux qui constituent une composante pleine et entière des TMS. Ainsi, le stress, le manque de sens ou d’autonomie, la pression hiérarchique, l’absence de soutien, l’insécurité dans l’emploi et plus globalement le manque de reconnaissance influent négativement sur la santé des travailleurs.
Pour combattre ce mal du XXIe siècle, il semble nécessaire de s’attaquer aux gestes et postures, tout en soignant l’environnement du travail dans son ensemble, avec une vigilance accrue sur les risques psychosociaux.
Nicolas Lefebvre