Édito n°24
SST : la France mauvaise élève
En plein débat sur la réforme des retraites, la question de la santé est – ou du moins devrait être – centrale. Rappelons à titre liminaire que les cadres disposent d’une espérance de vie supérieure de 6,4 ans par rapport à un ouvrier pour qui la fréquence d’accident du travail mortel est presque cinq fois plus élevée… A une heure où l’on ose toutes les comparaisons, même les plus hâtives, avec nos pays voisins pour justifier l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, la Fédération nationale de la mutualité française nous offre, elle aussi, sa mise en perspective.
Dans la 6e édition de son observatoire consacré à la santé au travail publiée en février 2023, le constat est sans appel : « la France se situe en haut du classement européen en termes d’accidents du travail mortels et non mortels, avec un chiffre en moyenne deux fois plus élevé que le reste de ses voisins européens ». Quant à la perception de l’organisation de la santé au travail par nos concitoyens, les résultats ne sont pas plus reluisants. 49 % des personnes interrogées considèrent en effet que « le système actuel fonctionne mal ».
Dans un rapport publié en décembre 2022, la Cour des comptes épingle pour sa part les autorités dans leur gestion de la prévention des risques au travail (lire notre interview du rapporteur, Yvan Aulin, page 30 et 31). Tout comme les mutuelles, la Cour des comptes juge sévèrement la disparité des politiques de prévention sur le territoire et considère que le levier des pénalités financières n’est que très peu utilisé. Quant aux contrôles des entreprises, le rapport préconise de les renforcer sans délai.
Enfin , un chiffre qui devrait finir de convaincre les éventuels sceptiques : les accidents et maladies liés au travail coûteraient, selon les calculs des mutuelles, plus de 3,3 % du PIB par an à l’Union européenne.
Nicolas Lefebvre