Édito n°6
Rapport Lecoq : vers un pilotage unique ?
Porté par une députée de la majorité présidentielle et rendu public fin août, le rapport Lecoq a le mérite de la clarté. S’il considère comme « exemplaire » le PST 3 (troisième plan de santé au travail, NDLR), il pointe sans ambages un manque criant de lisibilité et d’efficacité du dispositif de santé au travail en France. La prévention primaire demeurant reléguée au second plan alors qu’elle devait guider les nouvelles politiques SST…
On a donc espacé les visites médicales sous prétexte de renforcer cette fameuse prévention primaire. Or, il semblerait que l’action conduite par les services de santé au travail interentreprises (SSTI) demeure trop centrée sur les seuls médecins du travail.
La mesure phare du rapport : regrouper les trois grandes institutions de la prévention – Institut national de recherche et de sécurité (INRS), Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) et Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) – dans un seul et même mastodonte de la prévention baptisé France santé au travail. Une nouvelle institution qui serait placée sous la tutelle commune des ministères du Travail et de la Santé.
Ce mécanisme de regroupement semble à la mode dans la haute administration. Souvenons-nous de la récente création d’une entité similaire avec Santé publique France qui réunit désormais l’InVS, l’INPES et l’EPRUS, chacun continuant semble-t-il à œuvrer de façon indépendante.
Et les rapporteurs de pointer un manque criant de pilotage politique du dossier qui ne serait pas défendu « de façon forte, interministérielle, dans la continuité et la durée ». Les évolutions en matière de santé au travail demeurent ainsi « réactives » aux évènements à l’image de « l’emblématique dossier de France Télécom » pour les risques psycho-sociaux.
Si le pilotage unique doit – en théorie – conduire à une certaine efficacité, encore faut-il que les raisons de telles fusions soient portées par une réelle volonté politique et non seulement par des considérations économiques…
Nicolas Lefebvre