Édito n°32
Silence, on meurt !
Se tuer à la tâche. Cette expression n’est malheureusement pas qu’une image. Il suffit de lire le rapport annuel de la Caisse nationale de l’Assurance-maladie, publié en décembre 2024, pour s’apercevoir qu’elle recouvre aussi une triste réalité. Le nombre de décès au travail s’établit, pour la seule année 2023, à 759 personnes… Et, depuis 10 ans, la tendance ne cesse d’augmenter. En outre, ces chiffres ne concernent que les salariés du régime général. Exit donc les agriculteurs, les chefs d’entreprise et micro-entrepreneurs, l’ensemble de la fonction publique…
Si l’on observe les résultats dans le détail, les accidents du travail fléchissent de 1,5 %. A contrario, les maladies professionnelles augmentent, dans le même temps, de 7 % ! Parmi les secteurs les plus touchés : les transports et le BTP. Et presque la moitié des décès surviennent lors des trajets domicile-travail. C’est pourquoi nous avons tenu à consacrer ce numéro aux risques liés aux déplacements professionnels. La manutention manuelle et les chutes de hauteur occupent également le haut du tableau.
A mesure que la courbe de ces décès au travail prend de la hauteur, celle des moyens dévolus aux inspections du travail ne cesse de tendre vers le bas… En février, le gouvernement annonçait la mise en place d’un plan de prévention des accidents du travail « graves et mortels » (lire Actus). Effet d’annonce ou véritable prise de conscience de la situation ?
Si l’on veut inverser la tendance, il nous faudra aussi interroger les rythmes et la pénibilité au travail. Comme l’indiquent maîtres Ledoux et Salon dans leur tribune à découvrir pages 28 à 31, il convient de « faire de la prévention un acte de gestion courante au même titre que le développement de la clientèle, l’amélioration des marges et l’innovation ».
Nicolas Lefebvre